D'Abidjan à Carcassonne : Le Haut Atlas

in #fr6 years ago


Le Maroc était le dernier pays d’Afrique que nous allions traverser pour rejoindre la France depuis la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan. Nous connaissions bien le Maroc depuis longtemps, ça avait été notre porte d’entrée, notre initiation à l’Afrique. Nous avions des amis dans une vallée du haut Atlas, qui voulaient nous amener randonner vers les sommets du haut Atlas. C’était l’occasion. Omar et sa famille nous avait souvent accueilli dans leur maison au fond de la vallée. Nous nous réjouissions à l’avance de revoir toute la famille.

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En route vers l'Atlas

Pour atteindre l’Aït Bougmess, la vallée des gens heureux, Il fallait passer par Marrakech et sa fameuse place Djema Al Fana, devenue si touristique ces dernières années. En 1994 c’était déjà un mélange hétéroclite de ce qu’avait été ce lieu et le conte des milles nuits que l’on était en train de fabriquer. Beau et agréable malgré tout, Marrakech, que certains Marocains des campagnes surnommaient déjà "Arnakech" pour les prix pratiqués, était rentrée dans une nouvelle ère.

Soirée d’adieux à nos compagnons de traversé du désert qui remontaient au nord, nous prenions la direction de l’est pour atteindre les cascades d’Ouzoud. A cette époque elles étaient encore isolées des grandes routes touristiques et les locaux venaient y profiter des fins de semaines en famille. Plongeons, baignade, singes parfois envahissants, une ambiance très conviviale de gens simples qui profitent des plaisirs simples de la vie. Je suppose que cela a du changer également, les cascades ont du être victimes de leur beauté.

Il nous restait à suivre une petite route, qui serpentait sur les contreforts nord du Haut Atlas. Une route sinueuse comme le sont les routes de montagnes, étroite en diable, aérienne, spectaculaire. La moyenne horaire en payait un prix que le plaisir des yeux compensait amplement. Cette longue route coupait la vallée du monde extérieur, en faisait un paradis au cœur des montagnes.

Au coeur du Haut Atlas

Deux cols plus tard, on atteignait, presque à regret tant la route était belle, le village d’Omar. Au centre d’une vallée fertile, au cœur de l’Atlas se niche l’Aït Bougmess, une vallée oú nous avions était heureux à chacun de nos séjours. Cette fois n’allait pas être l’exception.

L’accueil, dans la famille d’Omar, était toujours extraordinaire, nous arrivions totalement à l’improviste car il y avait un seul téléphone pour toute la vallée. Nous étions vite repérés dans le village, le temps de stopper à l’épicerie acheter quelques cadeaux d’arrivée, Omar ou un de ces frères ne manquait jamais d’être sur la route pour nous souhaiter la bienvenue. Ne voulant pas déranger nous réservions en passant une chambre mais cela ne marchait jamais, il n’était pas question de loger ailleurs que chez nos amis qui, je soupçonne, nous libéraient la meilleure chambre. Que de soirées et de nuits fantastiques avons-nous passé dans cette maison du bonheur !

Le temps de saluer tout le monde, d’aller se laver à la rivière voisine et de s’installer un peu, la tajine était prête. Nous avions toujours droit à des plats de fêtes, pourtant nos hôtes n’étaient pas riches. Quelle émotion, notre seule présence était une fête pour eux.

L'organisation

Omar s’est rendu immédiatement disponible pour organiser notre randonnée. Il devait d’abord finir un travail dans un champ, je me suis mis au labourage pour l’aider, assisté de deux ânes récalcitrants que j’étais sensé diriger. Je ne sais pas si j’ai fait gagné ou perdre du temps dans cette opération mais le champ était labouré à la tombée de la nuit, après une bonne journée de rigolade.

Le lendemain nous devions faire les provisions. C’est toujours l’occasion d’une grande ballade à pieds dans la vallée, immersion de verdure particulièrement agréable quand les arbres fruitiers sont en fleur. Le sucre d’un côté, les pâtes de l’autre, une pause chez un oncle, une autre chez un ami, j’adore ces longues journées de préparation où l’on a juste à se laisser prendre par le rythme. La vallée est irriguée par un système de canaux qui circulent entre de petits lopins de terre et les vergers. L’eau est abondante dégoulinant du versant nord de l’Atlas.

Le lendemain nous devions faire les provisions. C’est toujours l’occasion d’une grande ballade à pieds dans la vallée, immersion de verdure particulièrement agréable quand les arbres fruitiers sont en fleur. Le sucre d’un côté, les pâtes de l’autre, une pause chez un oncle, une autre chez un ami, j’adore ces longues journées de préparation où l’on a juste à se laisser prendre par le rythme. La vallée est irriguée par un système de canaux qui circulent entre de petits lopins de terre et les vergers. L’eau est abondante dégoulinant du versant nord de l’Atlas.

Une cousine venait d’accoucher, le soir nous devions passer féliciter les parents. Nous avons acheté un petit cadeau traditionnel qui n’était autre qu’un gros morceau de sucre taillé en pain. Lorsque nous sommes arrivés il faisait déjà nuit, les maisons n’étaient éclairées que par la faible lueur des lampes à pétrole. Il y avait beaucoup de monde dans la maison autour d’une dame couchée dans son lit. Ma femme, qui devait offrir le sucre et féliciter la maman, cherchait désespérément le bébé. Il était caché et complètement entouré de bandages, tradition pour les 24 premières heures de sa vie.

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Une dernière tajine en famille avant d’aller profiter d’une bonne nuit de sommeil. Demain lever aux aurores pour charger la mule qui nous accompagnera avec l’équipement et départ pour une semaine de randonnée. Un frère d’Omar et son ami se sont proposés pour nous accompagner également.


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