Dans mon article précédent sur sur l'Extase de Saint François par Bellini, nous avons vu ensemble, comment l'influence des peintres de la renaissance Hollandaise repris et amélioré par la jeune génération italienne. Ici nous continuons notre étude des œuvres de Bellini avec un portrait, qui lui aussi reprend les codes de la renaissance Hollandaise. Avec ce portrait, nous entrons définitivement dans la Rennaissance Italienne, qui prend forme avec une rupture net par rapport aux grands maîtres du passé comme Fra Angelico ou Antonello de Messine.

Portrait du Dodge Leonardo Loedan

Petit rappel et nouvelles données sur Giovanni Bellini

Un exemple célèbre de la peinture de portrait vénitienne, portrait officiel de Giovanni Bellini Leonardo Loredan (1436-1521) dépeint le magistrat puissant mais irritable et chef de Venise, qui a dirigé la ville et la République de Venise de 1501 à 1521. Il est montré portant son chapeau officiel - un corno ducale porté sur une casquette de toile - et sa robe de cérémonie en soie avec des boutons ornés. La version latine du nom de Bellini (IOANNES BELLINVS) est écrite sur le morceau de papier illusionniste qui est peint sur la balustrade qui traverse le pied du tableau. Inspiré en partie par la Renaissance hollandaise, et en partie par les portraits de la Rome antique, le tableau illustre la nature somptueuse, coloriste et aristocratique de la peinture vénitienne - un style dérivé de l'art byzantin de Constantinople, principal partenaire commercial de Venise - dont Bellini était l'exposant principal. La famille Bellini dans son ensemble s'est distinguée par sa créativité. Le père de Giovanni était le peintre Jacopo Bellini (1400-1470), tandis que son frère aîné était le portraitiste Gentile Bellini (1429-1507), et son beau-frère était Andrea Mantegna (1430-1506). Giovanni a également enseigné Titien et Giorgione, qui deviendront deux des plus grands artistes de Venise.

Contexte de l'oeuvre

Lorsque ce portrait a été peint, Venise était certainement la ville la plus riche du monde et, avec ses 180 000 habitants, la deuxième plus grande ville d'Europe après Paris. Le territoire de la République de Venise couvrait quelque 27 000 milles carrés et comptait plus de 2 millions d'habitants. Le souverain vénitien, le Doge, était donc un homme très important et, malheureusement pour Bellini, était un peu piquant et impatient.

Analyse de la composition

C'est peut-être pour cette raison que Bellini a choisi de ne pas se concentrer sur les caractéristiques personnelles du souverain, mais plutôt sur le pouvoir du doge en tant qu'institution. Il le fait de trois façons.

1. Tout d'abord, Bellini accorde une attention méticuleuse à la tenue de cérémonie du Doge, en particulier le damas à fil d'or et le motif de sa veste en soie brocart. Son chapeau et ses boutons sont également reproduits avec une grande fidélité. Son habileté à rendre les différents tissus provient sans aucun doute de sa connaissance de la peinture flamande, dont les représentants - comme Jan van Eyck - étaient les leaders reconnus de la peinture réaliste.
2. Deuxièmement, il donne au Doge une pose classique et assurée, ce qui lui confère le genre de gravité que l'on voit souvent chez les empereurs romains et autres. Son visage est étonnamment réaliste, et Bellini le tourne vers la lumière, ce qui nous permet de voir de subtiles traces de chaume ainsi qu'une gamme de rides du visage (Ces détails sont également mis en évidence par l'utilisation par l'artiste de minces couches de peinture transparentes sur le visage, plutôt que sur les couches épaisses utilisées sur le vêtement).
3. Troisièmement, afin de nous concentrer sur le modèle, Bellini élimine toute profondeur dans le portrait en créant un fond aplati rempli d'un bleu profond. De cette façon, il transforme un homme politique vénitien de 65 ans irritable en un solide symbole du pouvoir et de l'autorité vénitiens.

Place à la lumière

Ceci est subtilement renforcé par l'utilisation de la lumière par Bellini. L'angle, la nature et la couleur de la lumière qui brille sur le visage du Doge suggèrent que le soleil est bas dans le ciel (mais loin du cadre), faisant allusion à une heure de fin d'après-midi ou de début de soirée. Cette indication du temps qui passe, avec l'âge du visage de Loredan, peut être une référence à la comparaison symbolique entre la durée d'un jour et la durée naturelle d'une vie humaine. Le fait étant que le Doge a encore une bonne part de vie en lui. Une conclusion qui aurait rassuré la ville de Venise. En tout, l'œuvre est l'un des plus grands portraits de la Renaissance du XVIe siècle.

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Série d'articles Présente moi une oeuvre d'art
1- L'annonciation par Fra Angelico
2- Ecce Homo par Antonello de Messine
3- L'Extase de saint François par Bellini

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@siavach, Amtateur d'art et Photographe