Veille sécuritaire S-05-2017 Maghreb / TUNISIE

in #tunisie6 years ago

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VEILLE TUNISIE

Semaine du 30 Janvier au 05 février2017
L'actualité :

  • 30 janvier: mise à jour, au Mont Zarzoura, délégation du Kef, d’une cache de provisions pour les terroristes. (R1)
  • après des incidents la veille au soir entre 2 factions libyennes armées, les unités sécuritaires du poste de Ras Jedir ont appelé les citoyens tunisiens à ne pas se rendre en Libye en raison de la situation sécuritaire instable qui y règne. (R4)
  • dans la nuit de dimanche à lundi, 8 individus ont pris d’assaut 3 maisons dans une zone proche du Mont Mghila, la région montagneuse de Tallet Kouassi, délégation de Jelma. Ils se sont emparés de provisions et de couvertures avant de regagner la montagne. Un des terroristes, un homme âgé, aurait même demandé à ce que les enfants n’aillent plus à l’école, afin de pouvoir être recrutés en échange de sommes d’argent. (R2)
  • démantèlement d’un réseau de trafic de drogue actif dans le Grand Tunis. (R1)
  • 1er février: arrestation à L’Aouina d’un individu recrutant des jeunes Tunisiennes dans le but de les envoyer dans les zones de conflit en leur offrant une importante somme d’argent (25 000 dinars). (R1)
  • les autorités allemandes ont extradé un citoyen tunisien en relation avec le terroriste Anis Amri et suspecté d’avoir des liens avec des groupes terroristes en Syrie. (R1)
  • 2 février: 2 militaires ont été blessés par l’explosion d’une mine au cours d’une opération de ratissage au Mont Chaambi, dans le gouvernorat de Kasserine. (R1)
  • A Gafsa, 2 douaniers ont été séquestrés pendant quelques heures et agressés, au cours d’une opération de contrebande. (R4)
  • 3 février: démantèlement d’un réseau de trafic de cocaïne à l’Ariana. (R4)
  • démantèlement à Fériana, gouvernorat de Kasserine, d’une cellule takfiriste composée de 5 individus prônant le djihad et le radicalisme à travers les réseaux sociaux. Le groupe aurait planifié des attaques à Kasserine. (R2)
  • 5 personnes recherchées ont été arrêtées et 2 fusils de chasse saisis dans le gouvernorat de La Mahdia, à l’occasion d’une campagne sécuritaire. (R4)
  • dans le gouvernorat de Tataouine, saisie de marchandise de contrebande d’une valeur d’au moins 100 000 dinars et qui pourrait atteindre les 200 000 dinars, ainsi que de 3 fusils de chasse. (R3)
  • Démantèlement d’un réseau de trafic d’armes actif entre les gouvernorats de Kasserine, Mahdia et Sfax. Trois membres du réseau ont été arrêtés et 2 pistolets de 7 mm saisis.
  • mise en échec, au poste frontalier de Ras Jedir, d’une tentative de trafic de devises, pour une valeur de 400 000 dinars. L’argent était caché dans le véhicule d’un Tunisien se rendant en Libye. Une enquête est en cours. (R4)
  • 119 Algériens originaires de l’est du pays, seraient interdits d’accès en Tunisie car ils sont soupçonnés d’appartenir à un réseau de contrebande, blanchiment d’argent et trafic d’armes. (R4)
  • arrestation à Sousse d’un couple de jeunes mariés connus pour leur extrémisme religieux et qui s’apprêtaient à partir en Syrie. Ils ont été trahis par leurs échanges sur Facebook avec des recruteurs de jihadistes sur place. (R3)
  • des enseignants et étudiants de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax, ont reçu des convocation pour paraître devant la brigade de lutte contre le terrorisme à Gorjani, en raison des sujets choisis dans leurs projets d’études et qui entraient dans le cadre de l’assassinat de Mohammed Zouari. (R4)
  • 4 février: arrestation de 7 takfiristes, dans la région de Bassatine, délégation de Boumhal, accusés d’organiser des réunions suspectes dans un hammam pour échapper aux contrôles sécuritaires. Ils sont soupçonnés d’appartenir à une organisation terroriste. (R2)
  • large opération de ratissage organisée dans les forêts du gouvernorat du Kef, à la recherche d’éléments terroristes retranchés. Une moto volée dans la maison d’un citoyen à Mont Ouergha, en même temps que des provisions et un fusil de chasse a également été retrouvée (R4).
  • après la mobilisation sécuritaire à Mutuelleville, le syndicat des agents et cadres de la sécurité nationale à Tunis, affirme que les mesures exceptionnelles déployées, correspondent aux opérations préventives destinées à protéger les institutions étrangères en Tunisie. (R4)
  • arrestation d’un homme accusé de meurtre à El Mourouj. L’individu a reconnu avoir adopté la pensée takfiriste. (R4)
  • saisie à Ras Jedir d’une quantité de médicaments en partance pour la Libye. (R4)

Analyse de situation :

Contexte régional :
En Syrie, après avoir pris une série de villages et de localités dans la province de Raqqa, les Forces Démocratiques Syriennes piétinent en raison de la multiplication des attaques suicides de l’EI. Elles se trouveraient à 5 km de la ville de Tabqa, important quartier général de l’EI situé à l’ouest de Raqqa. D’autres forces se trouveraient à 20km au Nord.
Par ailleurs, les troupes gouvernementales seraient à 3 km au SO d’al Bab, au NO d’Alep, dernier bastion de l’EI dans cette province. Daesh est également attaqué de l’autre côté de la ville par l’armée turque et les rebelles syriens. La course vers Al Bab semble donc engagée entre Damas et Ankara.
En Libye, le système de surveillance électronique des frontières tuniso-libyennes est désormais opérationnel. Il rentre dans le cadre des aides américaine et allemande pour renforcer la sécurité des frontières.

En Tunisie :

Selon des rapports sécuritaires parus cette semaine, nous apprenons que ces trois dernières années, 3517 personnes ont comparu devant la justice pour terrorisme et 1800 procès ont été intentés pour ce chef d’accusation.
Les femmes représenteraient 3,1% des personnes arrêtées pour terrorisme. Mais surtout, leur rôle a évolué et elles peuvent accéder à des fonctions plus importantes. Il semble même qu’il existe des groupes terroristes exclusivement féminins. Une cellule entièrement composée de femmes a ainsi été démantelée en octobre 2016. Elle projetait d’attaquer le Ministère de l’Intérieur.
Concernant le possible embrigadement de mineurs, le phénomène est encore mal connu mais de nombreuses organisations terroristes recrutent des enfants car ils sont moins surveillés et bénéficient de peines de prison plus légères.
Les 10 gouvernorats accueillant le plus de personnes jugées pour terrorisme sont par ordre décroissant: Tunis, Sidi Bouzid et dans une moindre mesure: Ariana, Jendouba, Kasserine, Médenine, Bizerte, Sousse, Nabeul et Kairouan.
Par ailleurs, la lutte contre la contrebande et le commerce parallèle, semble s’améliorer depuis 2014, l’actualité tend à le confirmer chaque semaine. La valeur de la marchandise saisie pour 2016 est estimée à 190 millions de dinars, contre 178 millions en 2015 et 72 millions en 2014. Reste le problème plus structurel et la question de la collusion entre contrebandiers et terroristes, qui semble difficilement évitable. Comme l’explique fort bien un haut magistrat, « c’est un rapport gagnant-gagnant, les contrebandiers ont besoin d’argent et les terroristes ont besoin de leurs services ». Les groupes terroristes peuvent également s’adonner directement à la contrebande. De plus, cette question est inextricablement liée à la situation des régions frontalières déshéritées du pays.
Dans le même temps, l’implication des Tunisiens dans le mouvement jihadiste international reste sur le devant de la scène cette semaine alors que l’Allemagne a arrêté ce mercredi 1er février, un ressortissant suspecté de préparer un attentat. Il semble que l’homme ait par ailleurs été recherché dans son pays pour son implication présumée dans les attaques du musée du Bardo et de la ville de Ben Guerdane.
En amont, les députés de l’ARP ont voté la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les filières de recrutement de djihadistes. Il devrait s’agir notamment de déterminer l’implication de parties intérieures et extérieures dans l’embrigadement de citoyens tunisiens. Pourront être concernés, des Etats, des organisations diverses, des associations caritatives ou des figures religieuses, tunisiennes ou étrangères. Entre 2011 et 2015, il est apparu que l’organisation aujourd’hui interdite Ansar al-Charia était au centre des opérations de recrutement. De nombreux jihadistes ont prêté allégeance à Abou Iyadh, lui-même obéissant à AQMI par le biais de l’Algérien Abdelmalek Droukdel. Ils ont littéralement investi des centaines de mosquées qui ont servi à l’endoctrinement puis comme plateforme de départ vers les zones de conflit. Les combattants tunisiens ont fondé en Libye les funestes camps d’entraînement de Derna et Sabratha.
Fondée en 2011 par des vétérans d’Afghanistan et vitrine tunisienne d’Al Qaïda, Ansar al-Charia fait du jihadisme un vrai mouvement social, à grand renfort de prédications et d’opérations de charité. Il faut souligner l’immense responsabilité de certaines de ces associations pas seulement dans l’endoctrinement mais aussi dans le financement du terrorisme. Elles ont permis la collecte de fonds sous forme de dons difficilement contrôlables.
Malgré une actualité relativement calme, on voit bien, encore cette semaine que la question du terrorisme reste sensible dans la société tunisienne hantée par le spectre de la décennie noire vécue par l’Algérie. Un mouvement de protestation contre le terrorisme est organisé dimanche avenue Bourguiba, à Tunis. Les Tunisiens refusent de voir leur pays devenir un vivier du terrorisme. Ils protestent de nouveau contre le retour des jihadistes et les organisateurs exigent de l’Etat, la création d’une instance indépendante pour suivre les dossiers. Ils exigent également de connaître la vérité sur les assassinats politiques et l’identité des personnes impliquées dans les filières de recrutement des jihadistes.
A noter que ce lundi 6 février est la date de commémoration du quatrième anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, ce qui va donner lieu, par précaution et pour éviter tout risque terroriste, à d’importants déploiements sécuritaires dans plusieurs zones de Tunis dont, Mutuelleville, El Omrane, le Belvédère, Jebel Lamar et les zones voisines. Les autorités redouteraient tout particulièrement l’emploi de camions béliers comme récemment en Europe et n’écartent pas non plus l’utilisation de femmes pour commettre des attentats, n’oublions pas que nous avions déjà évoqué cette hypothèse après les aveux de certains terroristes arrêtés. Des dispositifs sécuritaires renforcés ont également été mis en place ailleurs dans le pays. Mieux vaut éviter ce jour de s’approcher de tout rassemblement, manifestation et commémoration, où que ce soit en Tunisie.

Les zones à risques :

Sont déconseillés, la région de Ben Guerdène ainsi que les zones montagneuses des Gouvernorats de Kasserine et du Kef, de Jendouba ainsi que le corridor routier reliant les villes de Kasserine et de Sidi Bouzid en passant par Sbeitla.

Il est également recommandé d'être très vigilent à Zarsis et Djerba, et d'éviter les zones du Grand Sud Nefta, Douz, Medenine. Ainsi que les régions du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d'el Borma. Tout voyage dans une zone désertique doit se faire avec une agence de tourisme officielle. Le risque d'enlèvement est particulièrement élevé dans ces régions.

Eviter les zones rurales comprises entre Kairouan, Kasserine et Siliana. Et de manière générale les zones proches des frontières avec l'Algérie et la Libye, dans un rayon d'au moins 30km.

Suivre les recommandations qui, en raison des risques de mouvements sociaux spontanés, conseillent de privilégier l'avion pour rejoindre les zones touristiques du sud-ouest.

Dans la capitale, rappelons qu'il est recommandé de se tenir à l'écart des rassemblements, des axes empruntés par les manifestations et surtout des bâtiments sensibles et en particulier sécuritaires.

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