Ma première peur à l'hôpital

in #appreciator4 years ago (edited)

womaninwhiteshirtstandingnearglasswindowinsideroom127873.jpg

A chaque sonnette son urgence.
Je suis la première à arriver dans le service aujourd’hui, mais je n’imagine pas encore la journée qui m’attend. A mon arrivée à l’hopital, vers 6h du matin déjà quelques sonnettes retentissent dans le service de médecine interne et chirurgie. Pleine de spontanéité, je décide d’aller aider le patient de la chambre 16. C’est la que je fais face à Monsieur X., qui se trouve sur le pas de sa porte. Celui-ci ne parvient plus à respirer en raison d’encombrements respiratoires, il a le visage mauve. Il est en pleine crise de dyspnée. Mr X. me prend le bras et me supplie de l’aider.
J’ai eu très peur pour ce monsieur, sachant que la pathologie dont il souffre est incurable et mortelle. Mais j’ai aussi eu peur pour moi, de me retrouver avec Mr X. dans les bras et de ne pas savoir comment l’aider. Sans hésiter , j’appelle l’infirmière de nuit qui vient directement lui placer un aérosol pour le calmer et l’aider à respirer.
Ces quelques secondes furents courtes mais assez longues pour me marquer.

Cette situation avec Monsieur X m’a particulièrement marquée, étant donné que j’ai fait le lien avec un événement personnel vécu il y a quelques années.
Cette fois là, a été la première fois que j’ai été confrontée à un telle situation. Cet événement s’est passé au début de mes études de médecine, c’est à ce moment que je me suis rendue compte qu’il allait falloir que je m’endurcisse et que j’apprenne les bons réflexes. C’est aussi à ce moment que j’ai compris à quel point ce métier allait être prenant, passionnant et psychologiquement compliqué.
Je me suis rendue compte que le personnel soignant est confronté quotidiennement à des situations choquantes voire traumatisantes.

Plus tard j’ai reparlé de cet incident avec une infirmière qui m’a confié selon elle LA règle d’or pour pratiquer ce métier : “ne jamais s’idientifier à l’histoire du patient”. Apprendre à prendre de la distance pour ne pas se détruire soi-même.
Après 4 années de médecine, j’ai encore beaucoup de mal à me détacher de ces histoires-là. Je rentre chez moi avec le besoin de parler à mes proches ce que j’ai vu ou vécu.

Pour en revenir avec mon expérience vécue avec Monsieur X., je pense que cela a changé ma manière de me comporter face à un patient en détresse. En effet, une infirmière avec qui j’ai parlé m’a expliqué que les patients faisants les crises de dyspnées, étaient souvent sujets à des crises d’angoisses (parce qu’ils n’arrivent plus à respirer). Dès lors je me suis rendue compte que le patient a surement détecté ma peur face à lui ce qui a encore augmenter son angoisse. À partir de cet instant j’ai essayé d’agir de manière plus rassurante et “professionnelle” face au malade.
Ce premier contact avec le milieu hospitalier m’a permis de découvrir ce monde particulier sous un nouvel angle et de déjà commencer a m’y préparer.

Sort:  

@debo-medstudent : un métier vraiment difficile avec des situations désespérées. L'empathie n'est pas forcément la bonne solution bien que parfois ...

En tout cas chapeau car sauver les autres est l'une des plus belles choses qui soient !

A+ et espérons que les prochaines journées à l'hôpital seront moins angoissantes et, peu à peu, tu vas te blinder.

Merci beaucoup !
J'espère aussi un jour pouvoir trouver un juste milieu entre l'empathie envers mes patients tout en gardant mes distances et en me formant une carapace.
Pas facile pour moi qui suis sensible... J'y arriverai un jour sûrement !

Coin Marketplace

STEEM 0.29
TRX 0.13
JST 0.033
BTC 63252.23
ETH 3035.50
USDT 1.00
SBD 3.73