Le Bitcoin a-t-il un rôle à jouer dans l'économie internationale ?

Disclaimer : Cet article est une prise de recul sur la valeur du Bitcoin et sur l'état actuel de l'économie mondiale sous un angle géopolitique. Il n'est en aucun cas à prendre comme un conseil en investissement mais plutôt comme une invitation à faire sois-même ses propres recherches et à élargir le plus possible son analyse face à la complexité de notre monde et de l'économie.

Voici les deux nouvelles incontournables du 9 mai :

N°1 : #Bitcoin repasse au dessus des 10 000$ (et corrige à l'heure où j'écris ces lignes aux alentours des 9650$)
N°2 : Paul Tudor Jones, un grand nom de Wall Street et gestionnaire de fonds, a recommandé Bitcoin à ses clients dans une lettre mensuelle où il prend le temps d'expliquer sa position (je vous recommande la lecture de cette dernière, ici : https://www.scribd.com/document/460382154/May-2020-BVI-Letter-Macro-Outlook).

La prise de position de cette célébrité de Wall street a enflammé twitter tant elle est innatendue et significatrice. Ces deux bonnes nouvelles tombent tout juste avant le #Halving du Bitcoin (division par deux du rythme de production du Bitcoin) tant attendu et mettent un coup de projecteur (les recherches "Bitcoin Halving" ont explosé sur Google) sur cette nouvelle réserve de valeur accessible à tous au meilleur moment. Nous sommes aujourd'hui à moins de 3 jours du halving, et ses répercussions risquent de se faire sentir quasiment en même temps que celles de l'impression monétaire massive des banques centrales mondiales.

Avant de vous présenter mes réflexions, je tenais à vous faire un petit rappel des (plus ou moins) récentes actualités :

• Dimanche dernier nous avons clôturé la semaine à la hausse pour la 7ème fois de suite (la dernière fois que cela a eu lieu nous étions en avril 2019, à l'aube d'une hausse de 160% nous ramenant aux 14000$ en 10 semaines) et avons passé la barre des 8500$, repositionnant ainsi le prix du Bitcoin dans son canal haussier en place depuis 2014. Il est probable que nous clôturions de nouveau la semaine à la hausse (nous verrons cela dimanche à minuit) mais une correction est tout de même attendue (les 8200$ étant devenu le nouveau support) il ne serait pas surprenant qu'elle dure une ou deux semaines. Après une hausse pareille, le marché a besoin de "consolider".

• L'Iran vient d'annoncer se lancer officiellement dans le minage de Bitcoin (https://cryptoactu.com/bitcoin-iran-engage-course-minage/) pour parer aux sanctions économiques américaines (qui en pleine crise du covid, tue des milliers de personnes faute de fonds et d'approvisionnement pour le système de santé du pays).
  L'économie et la monnaie libanaise s'effondre, ce qui incite des milliers de libannais à sauver ce qu'ils peuvent en investissant dans le Bitcoin (l'accès à leur monnaie étant limité et contrôlé par l'Etat via les banques pour limiter le bankrun : https://www.aljazeera.com/ajimpact/distrust-lebanese-banks-spurs-bitcoin-boom-200224202742678.html). Il en va de même pour l'Argentine et le Venezuela (https://fr.cryptonews.com/news/argentina-venezuela-seek-crypto-powered-solution-to-economic-6256.htm).

• Les africains sont également très intéressés par le Bitcoin (https://cryptoactu.com/a-laube-du-halving-les-marches-africains-senflamment/).

• 1/3 des banques européennes (dont des grosses telles que la Société Générale et la Deutche Bank) sont menacées de faillite (https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/pourquoi-une-banque-sur-trois-risque-de-disparaitre-1141539).

• Tout comme de nombreuses banques américaines depuis la crise pétrolière (https://www.wsj.com/articles/u-s-shale-driller-whiting-petroleum-to-file-for-bankruptcy-11585746800). En effet, celle-ci avaient réalisés des prêts à l'industrie du pétrole de schiste américaine contre des garanties en baril de pétrole brut. Le prix de ce dernier s'étant effondré, il plombe à la fois la rentabilité de cette industrie -et donc ses capacités à rebourser ses prêts- et à la fois la valeur de la garantie que les banques avaient négocié pour se protéger.

• L'économie mondiale est à l'arrêt et une très grosse incertitude plane sur les marchés financiers face à cette crise du coronavirus et ses conséquences (un article entier pourrait être dédié à ce point). Nous ne sommes pas sûr qu'une immunité acquise par une personne lui assure qu'elle ne sera pas recontaminé par la suite. Nous ne savons pas non plus si les mesures de déconfinement annoncées vont être réellement bénéfiques ou vont au contraire agraver la situation sanitaire. Quid de l'impact de ces mesures sur la confiance dans le pouvoir en place (et pas qu'en France mais bien à travers le monde)?

• Nous ne savons pas encore à quel point l'arrêt de l'économie va être violent en terme de disparitions d'emplois car nous ne sommes qu'au début de la crise économique. Nnous en avons un ordre d'idée avec les 33,5 millions de chomeurs aux USA (http://www.leparisien.fr/economie/etats-unis-les-chiffres-dantesques-du-chomage-sont-sans-surprise-pour-trump-08-05-2020-8313411.php) soit 14,7% de la population active environ et la même proportion au Royaume-Uni. Pour vous donner un ordre d'idée, en 2008, 1,5 millions d'emploi avaient disparu suite à la crise, et ce étalé sur plusieurs mois, alors que dans le cas présent il ne s'est passé qu'un mois et demi.

• Quid de l'impact des mesures dites d' "helicopter money", prises par les Etats-Unis et souhaitées dans de nombreux autres pays -dont la France bien qu'elle prendra une forme différente, et si possible plus contrôllée-, qui se traduisent par 1200$ donnés directement à chaque citoyen américain ? Ce plan ayant pour but de relancer la consomation alors même que celle ci est actuellement rendue quasi impossible ou tout du moins extrêmement limitée, sera-t-il réitéré à l'avenir ? Wait & see. Mais bon nombre d'américain ont dores et déjà décidé d'utiliser ces 1200$ pour acheter du Bitcoin (https://actualitefinanciere.fr/crypto-monnaies/coinbase-investir-dans-la-cryptographie-avec-des-cheques-americains-0008607.html).

Il y a un petit moment que je me dis que le Bitcoin a non seulement tout d'un or numérique (cf https://steemit.com/bitcoin/@faucheur/le-bitcoin-deviendra-t-il-une-alternative-perenne-a-l-or-en-tant-que-reserve-de-valeur), mais surtout qu'il pourrait à ce titre devenir le nouvel "étalon-or" du système monétaire internationnal de demain. Nombreux sont les pays à vouloir faire tomber la suprématie du dollar (qui a été rendue possible par les accords de Bretton-Woods à la fin de la 2nde Guerre mondiale puis par leur abbandon en 1971) car tout paiement en dollar expose à la juridiction américaine (extraterritorialité du droit américain) ce qui confère aux USA un pouvoir sans pareil dans les relations internatioales. D'ailleurs, les USA et la CIA ne prennent pas à la légère l'idée d'une éventuelle remise en question de la suprématie du dollar (cf: https://news.bitcoin.com/crypto-reserve-currency/). Mon mémoire porte justement sur l’impact du Bitcoin et de l’écosystème de crypto-actifs -qui s'est bâti autour grâce à la révolution blockchain- sur le système financier international. Signifierait-il, à travers les opportunités qu'il a ouvertes, la fin de la suprématie du dollar et un affaiblissement de la portée de l’extraterritorialité du droit américain qui en découle ? Je le publierai sur mon blog ultérieurement.

De plus, contrairement à l'or, le Bitcoin est extrêmement portatif, faire passer une tonne d'or du Royaume-Unis aux Etats-Unis coûte cher, prend du temps, et comporte des risques. Pas forcément idéal lorsqu'il faut être très réactif comme lors du krach du 12 mars dernier. A l'inverse, il ne vous coûtera qu'un peu moins d'1$ pour transférer l'équivalent d'1 milliard de dollars (https://www.thecointribune.com/actualites/1-milliard-en-bitcoin-a-envoyer-ca-vous-coutera-moins-d1/). Soit dit en passant, plutôt pratique pour payer des commandes de masques rapidement (1h pour être sûr que la transaction est bien validée sur a blockchain Bitcoin, contre plusieurs jours pour une transaction bancaire internationale) et éviter qu'elles nous passent sous le nez en période, là encore, d'urgence (https://www.capital.fr/economie-politique/sur-le-tarmac-les-americains-payent-cash-et-chipent-les-masques-prevus-pour-la-france-1366464).

Revenons-en à notre sujet : toute monnaie né puis meurt (cf l'Iran qui a annoncé réfléchir à remplacer sa monnaie nationale il y a peu https://www.nytimes.com/2020/05/04/world/middleeast/iran-currency-inflation-rial-toman.html). Le dollar est l'une des plus vieilles monnaies en circulation mais sa valeur n'a eu de cesse plonger au fil du temps et de la création monétaire. Or la récente course à la création monétaire est tellement violente que nous n'avons aucune idée de ce qui va en découler dans les mois et années à venir, mais beaucoup tablent sur une hyperinflation (et c'est cela qui pousse Paul Tudor à chercher une solution de repli, une réserve de valeur).

Je vous invite à consulter ce thread sur twitter qui résume assez bien la situation et la raison pour laquelle la conjoncture est parfaite pour le Bitcoin aujourd'hui : https://twitter.com/RaoulGMI/status/1258567640597106688 ; ainsi que cet article que j'avais déjà publié il y a un mois : https://steemit.com/fr/@faucheur/crise-du-coronavirus-crise-financiere-crise-economique-inflation-et-bitcoin.

L'histoire du Bitcoin est une histoire de bulles qui enflent et éclatent au gré des émotions du marché (et des halvings ?). Vous avez surement vu la bulle prendre en 2017 et exploser tout au long de 2018 jusqu'à mi-2019. Il y en a eu une précédente entre 2012 et mi-2016. Nous sommes très certainement au début de la prochaine (https://steemit.com/blockchain/@faucheur/bitcoin-fin-d-un-cycle-debut-du-prochain). Attention aux montagnes russes en approche ! Comme toujours avec le Bitcoin (et les cryptos) il va y avoir des hausses violentes (160% ces 50 derniers jours, c'est déjà pas mal mais c'est rien encore) suivi de baisses aussi violentes (on ne devrait pas tarder à "corriger", connaître une nouvelle baisse... qui sera probablement de courte durée compte tenu, là encore, de la conjoncture et du retour à la hausse).

Pour finir, j'aimerai vous soumettre une analyse personnelle quant à la différence que je vois actuelement entre la hausse des prix du Bitcoin et celle des valeurs boursières depuis le krach du 12 mars 2020.

• Les bourses mondiales sont actuellement en pleine période dite de complésance. Tout va mal, mais de plus en plus de citoyens débutants entrent sur les marchés boursiers en pensant investir au meilleur moment vu la chutte des valeurs boursière sans précédent depuis 1929. Les prix repartent à la hausse en enregistrant de nouveau un volatilité anormale et des records de hausse sur 7j glissés. Cela coincide avec la suite logique de 2019 qui aura été une année d'euphorie avec des performances boursières à la hausse impressionnantes et incohérentes compte tenu des mauvaises nouvelles s'accumulant (ce qui équivaudrait à la période précédant décembre 2017 pour les cryptos). La bulle est en pleine phase d'explosion et cela se fait toujours en plusieurs étapes (comme vu au cours de 2018 sur le prix du Bitcoin). Nous venons de réaliser la première, il en reste encore au moins deux.

• Le Bitcoin, imaginé pour répondre aux problèmes du système monétaire mondial basé sur l'endettement et aux abus des banques ayant mené à la crise de 2008, se trouve lui tout juste à la fin de son dernier cycle de bulle. Je pense que nous sommes actuellement entre la période de dépression et à la veille de la période d'incréduilté ("Comment ?! Bitcoin au-dessus des 15000$ ?!"). Le Bitcoin est de plus en plus considéré comme une réserve de valeur à travers le monde alors même que les deux principales à l'h actuelle ne sont autre que l'or et le dollar. Or ces deux actifs sont difficilement accessible à tout un chacun là où le Bitcoin n'a jamais été aussi facile à acheter. Face à la crise en cours et à ses violentes conséquences (elles aussi en cours, mais qui nous attentent surtout dans les mois à venir), il est normal de chercher à protéger ses fonds. D'ailleurs je trouve intéressant que même les banques se mettent parfois à vendre et stocker des cryptos (https://www.thecointribune.com/actualites/le-regulateur-allemand-ouvre-la-porte-de-dizaines-de-banques-au-bitcoin-et-a-leth/).

Bonus : Lors de mon passage en Australie, j'ai rencontré pas mal d'indiens et j'ai discuté avec ces derniers de leur rapport à l'or. Cet actif est très ancré dans leur culture et ils y prettent de nombreuses superstitions et croyances, ou même y voient tout simplement un moyen d'augmenter son capital social (j'ai trouvé cet article qui résume assez bien ce que m'ont expliqué les quelques indiens avec qui j'en ai parlé : https://www.orobel.biz/information/actualite/l-or-dans-la-culture-indienne). La réussite ça se montre. Or l'Inde c'est plus d'1 milliard d'habitants et des classes moyennes jusqu'alors en plein développement mais plus que jamais en proie aux conséquences de la crise du COVID. La question que je me pose est la suivante : l'or et le Bitcoin ont de très nombreuses propriétés communes en tant que réserves de valeur, mais le Bitcoin n'est pas palpable comme l'or, il ne brille pas, et ne peut être utilisé pour réaliser des bijoux (ils aiment beaucoup les bijoux). Les indiens l'adopteront-ils pour autant avec autant de ferveur qu'ils placent dans l'or ?

PS : si vous n'avez toujours pas compris ce qu'est le Bitcoin, c'est par ici : https://steemit.com/fr/@faucheur/le-bitcoin-un-ovni-monetaire-concu-contre-les-banques-presentation-complete-retranscription-conference-1-3

Pour comprendre la Blockchain, par ici : https://steemit.com/fr/@faucheur/la-blockchain-revolution-technologique-de-la-confiance-vers-le-web-3-0-presentation-complete-retranscription-conference-2-3

Et pour apprendre comment investir tout en évitant les erreurs de débutants par ici :

Source : https://www.thecointribune.com/actualites/bitcoin-a-10-000-la-legende-paul-tudor-ladmet-il-faut-miser-sur-le-meilleur-cheval/ // Crédit image d'en-tête : cointelegraph (https://cointelegraph.com/news/morgan-stanley-report-shows-strong-institutional-investment-for-bitcoin)

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Par Marius Campos, International Business Consultant pour Smart-Chain, Président de Cyb-RI et étudiant en Relations Internationales à l'ILERI.

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