Quand ça te tient à coeur, mais que ton coeur ne tient plus.

in #fr6 years ago

Je pense que vous aussi, un jour, vous avez eu envie de prendre le large en sortant du boulot, en rentrant de l'école, plutôt que de suivre le chemin habituel pour rentrer chez vous.

En ce moment, il me semble que trop de choses vont mal, autour de moi et sur mes épaules, tout est trop lourd à supporter. Si j'étais obéissante envers ma raison cartésienne, je suivrais le bon recommandé :"il faut agir." Mais quoi, comment ? Facile à dire. Facile de cogiter en boucle, d'alimenter des ruminations toxiques dans ma cervelle en plastique.

Chercher une meilleure voie, ou trouver une raison valable de continuer sur ce chemin périlleux.
Aujourd'hui j'en suis là, avec une démotivation inexplicable, je me demande si je me réalise vraiment dans la voie que j'ai choisi, et je me demande si je ne vais pas regretter d'être aller aussi loin. C'est la désillusion post-adolescente, je crois.

J'ai choisi de travailler auprès des gens. Par n'importe quels gens, des gens qui souffrent, des gens qui ont besoin d'aide, ou des gens que l'Etat contraint à être aidé.

Parlons de ces gens. Des jeunes gens qui n'ont pas choisi.
Les foyers pour enfants placés, je n'ai jamais rien vu d'aussi violent.
On les retire de leur famille pour les mettre soit disant en sécurité, pour les placer dans un collectif avec 10 autres mômes, frères et soeurs de coeur, copains de galère.
Les problèmes de l'un attisent la souffrance de l'autre, la colère des uns entraîne la violence des autres, chaque jour est un fil fragile qui menace de se casser à la moindre agitation. Chaque enfant est une étincelle vulnérable, qui lutte chaque instant pour exister, en recherche désespérée d'amour et de reconnaissance. Je les connais comme ça, si imprévisibles mais tellement touchants, ces mômes de foyer.

Quand tu t'occupes de gamins comme ceux-là, tu penses au départ, dans ton idéal de super éducateur-sauveur, pouvoir les combler. Inconsciemment, tu as envie de leur donner ce qu'ils n'ont jamais eu, et même plus, de combler tous les manques en eux.
Et puis très vite, tu te rends compte que 10 gamins ensemble au quotidien, avec des histoires et des besoins différents, c'est plus compliqué à gérer qu'un club de loisir. Combler leur manque ne les aide pas. Ils ont besoin d'un repère, pas d'un super héros, pas d'un distributeur de bonnes intentions sur commande.

J'aime mon métier. Je n'ai pas encore mon diplôme, mais pour moi, ce morceau de papier ne signifie pas grand chose. Ce qui me plait, c'est d'être à leur côté, de croire en ces humains, de leur montrer qu'il y a de l'espoir pour eux, qu'ils sont dignes d'être aimés.
Mais, ça me gêne. Ce que je fais n'est en rien naturel. Il est conditionné par un tas de lois et de règles bien pensées, mais qui sont parfois totalement à côté de la plaque, bien loin du monde réel. Et puis, je ne suis pas convaincu que gagner de l'argent en aidant les gens soit très moral. Dans mon idéal, mon métier n'existe pas, et les uns aident les autres sans se poser de question.

Mon idéal me fait mal. Car comme tous les idéaux, il est très loin du réel, inaccessible.

Quand je dis que trop de choses vont mal, c'est parce que j'ai tendance à vouloir changer le monde, le refaire avec plus d'amour et de respect, et ce souhait me rend plus dingue chaque fois que je me heurte à la haine et à la violence. Un peu plus de dégoût.
Quand on travaille avec de l'humain, je pense qu'il faut s'attendre à se perdre, à se déconstruire, à se voir changer. C'est valable pour d'autres métiers sans doutes, mais alors celui-là, il vous secoue de l'intérieur et vous marque profondément.

Cette société dans laquelle j'ai déployé mon insouciance sera le sujet de mon prochain article, vu qu'au final, elle aussi me semble aller de travers. "Oulàlà", ça va" clasher", comme on dit !

On a tous nos rêves, nos idéaux, et en plus (parce qu'on est très audacieux) on voudrait que la justice protège les plus faibles des désirs sans limite des plus forts. On voudrait que nos projets se réalise selon le scénario que l'on imagine, que notre volonté soit sans limite pour atteindre nos buts. On fait ce qu'on peut à notre échelle avec les moyens du bord. On bricole chaque instant de vie en espérant que le printemps reviendra, plus fleuri et plus ensoleillé, plein de gaité, plein et de vie.

L'espoir fait vivre; il fait pleurer aussi.
Pour finir, j'ai envie de vous dire une petite phrase meuble bien pourrie qui, soyons honnêtes, n'a jamais fait de bien à personne, quand bien même elle est énoncée pour dédramatiser ce qui ne peut l'être : c'est la vie.

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