La Chasse-Galerie est une légende typiquement québécoise et est indissociable des camps de bûcherons, très nombreux au Québec à une certaine époque.

Image Credits: Historiatv.com

Au XIX ème et jusqu’aux années 1950, la coupe du bois est une industrie très florissante; il faut ouvrir de nouveaux territoires et la demande pour le bois est sans cesse croissante. Avec les années, il faut aller de plus en plus loin vers le nord pour trouver du bois en grande quantité. C’est là que naissent les camps de bûcherons aussi appelés « chantiers »,

Camps de bûcherons

Un camp est composé de quelques bâtiments très rudimentaires où le confort est minimale; ces bâtiments sont occupés 1 ou 2 années seulement. Une fois la forêt épuisée dans un secteur, le camp déménage ailleurs. Les camps comptent le plus souvent entre 15 et 20 personnes. Les travailleurs y arrivent en octobre (après les récoltes) et y restent jusqu’en avril (environ 6 mois). L’expression populaire était « aller travailler dans les chantiers »; c’était aussi être séparé de sa famille pendant 6 mois.

Camp Cloutier, 1927

Image credits: collection André Cloutier

Le couque

Dans un camp de bûcheron, il y a trois personnes importantes; le gérant du chantier ou contremaître, le mesureur de bois et le « couque »; couque signifie cuisinier et est une déformation du mot anglais « cook ». Le plus souvent, c’est aussi un bon conteur chargé de divertir la troupe; c’est le personnage le plus important, c’est lui qui fait la réputation du chantier.

Vie au camp

La vie est dure pour ces bûcherons qui triment de la barre du jour jusqu’au coucher du soleil, 6 jours par semaine. Ils ne voient même pas leur salaire qui est versé directement à leurs épouses restées au village ou à la ferme pour élever les enfants. Il n’y a pas de journaux, de radio ou de téléphone; il n’y a pas d’électricité non plus au camp. Bien manger est donc le seul plaisir de la vie qui leur reste; d’où l’importance d’un bon « couque ».

Camp McCool, 1938 - le couque est derrière le chaudron

L’isolement et ennui

Le plus difficile de la vie de chantier, n’est pas le travail éreintant mais l’isolement. Tous les soirs, les hommes pensent à leurs femmes ou leurs blondes (petites amies ou fiancées). C’est particulièrement difficile à Noel et au Jour de l’An; l’ennui devient insupportable. On dit même que certains de ces gaillards se cachent pour pleurer; d’autres invoquent une poussière dans l’œil pour verser une larme ou deux.

Le pacte avec le diable

Peu avant la Saint Sylvestre, un bûcheron du nom de Baptiste Durand imagine un plan; il en a déjà parlé à d’autres. Il veut absolument aller passer la nuit de la Saint Sylvestre avec sa femme et revenir à temps le lendemain, sans éveiller les soupçons, pour faire sa journée de travail; chose impossible puisque l’aller-retour prendrait au moins 6 semaines. C’est là qu’il confie à ses compagnons qu’il a passé un pacte avec le diable; courir la chasse galerie. Il faut un nombre pair et 7 d’entre eux ont déjà accepté.

Le diable met donc à leur disposition un canot volant; ils sont donc 8, nombre pair. Les 8 gaillards sont tous assis dans le canot et Baptiste prononce les paroles magiques;

Répétez après moi !

Satan, roi des Enfers, nous te promettons de te livrer nos âmes, si d’ici six heures nous prononçons le nom de ton maître et du nôtre, le bon Dieu, et nous touchons une croix dans le voyage. À cette condition, tu nous transporteras à travers les airs, au lieu où nous voulons aller et tu nous ramèneras de même au chantier !

Acabris! Acabras! Acabram!

Source: Dark-stories.com

Ces mots sont à peine prononcés que le canot prend les airs et file à vive allure.

Image credits; Historiatv.com - Tableau de Henri Julien

À SUIVRE