Qu’est-ce qu’un esker ?
Comme pour les grands vins et les grands fromages, il existe une compétition pour honorer les meilleures eaux.
Berkeley Springs International Water Tasting Awards Given est remis chaque année pour la qualité de l’eau potable.
La compétition de Berkeley Springs a la réputation d’être la plus importante compétition du genre au monde. Cette année, 60 municipalités étaient en lice pour s’approprier le titre de meilleure eau potable au monde.
Source : commercemonde.com
En 2001, les juges décernent le premier prix à la ville de Amos au Québec pour la meilleure eau potable au monde. Cette eau est cristalline. Elle est encore plus transparente, inodore et pure que n'importe quelle autre eau. Elle est faible en minéraux et a un excellent Ph. L'eau d'Amos atteint presque l'équilibre parfait.
Source : Université du Québec, INRS-EAU
Pourtant la ville d’Amos ne possède pas d’usine de traitement des eaux; les habitants puissent leur eau à même deux puits alimentés naturellement; cette eau n’a subi aucun traitement, pas de filtration, pas de fluor, pas de chlore, rien. Cette eau de très grande qualité, quasi parfaite, provient d’un esker, l’esker St-Mathieu-Berry.
Qu’est-ce qu’un esker ?
Un esker (de l'irlandais eiscir), un ôs ou un ås (prononciation : /os/) est une formation fluvio-glaciaire se présentant sous la forme d'une crête allongée, rectiligne ou sinueuse, pouvant atteindre plusieurs kilomètres de longueur pour les plus grandes, et de quelques mètres de hauteur.
Les eskers se forment dans des tunnels sous des glaciers. Lorsque le glacier se retire d'une vallée, des matériaux (pierres de diverses tailles granoclassées, stratifiées) se déposent dans les tunnels situés à la base du glacier et empruntés par des rivières sous-glaciaires.
Une fois le glacier fondu, le « moulage » obtenu des tunnels reste en formant des eskers
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Esker
On en retrouve dans différents pays de l'Hémisphère Nord dont: les USA, l'Irlande, la Suède, la Finlande, mais c'est sans contredit au Canada où ils sont les plus nombreux. Le "Eiscir Riada" est cependant le plus connu: il traverse l'Irlande dans toute sa largeur de Dublin à Galway. Au Canada, les eskers sont apparus lors de la fonte des glaciers il y a environ 8000 ans; ils ont donné naissance à de nombreux lacs puisqu'ils se jettent habituelle- ment dans le delta d'un lac. C'est pour cette raison que le Québec compte près de 500,000 lacs.
Reliquats de la dernière période glaciaire, les eskers, composés de gravier et de sable, agissent comme filtre lors de la fonte des neiges et transportent ces eaux par voies souterraines sur des dizaines voire des centaines de kilomètres. La taille des eskers varie beaucoup tant en longueur (de quelques dizaines de mètres à des centaines de kilomètres), en hauteur (de 5 à 50 mètres ) ou en largeur (de 50 m à 2 km ). Ils sont habituellement situés au-delà du 46ème parallèle. On en trouve quelques-uns dans le nord des USA (Vermont, Maine, Michigan, Minnesota, Wisconsin et Washington) et dans la plupart des provinces canadiennes mais plus particulièrement dans le nord du Québec. Du point de vue strictement visuel, ce sont de merveilleuses structures naturelles; en voici quelques exemples:
Image Credits: www.britannica.com/science/esker
Sims Corner Eskers du Kames National Natural Landmark, WA, USA
Image Credits : https://en.wikipedia.org/wiki/Esker?oldid=88826421
Carte des Eskers et Moraines de l'Abitibi (Québec)
Image credits: http://www.sesat.ca/eau_esker.aspx
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Si l’on traverse l’Abitibi d’est en ouest, on rencontre un esker orienté nord-sud approximativement à chaque quinze kilomètres. Du côté nord, on retrouve successivement l’esker du lac Parent, l’esker du lac Despinassy, l’esker de Barraute, la moraine interlobaire Harricana, l’esker St-Mathieu/Berry, l’esker de Launay, l’esker du lac Macamic et l’esker de La Sarre. Plus au Sud, on retrouve également l’esker Vaudray-Joannès, l’esker du lac Malartic, l’esker du lac Sabourin et l’esker de Louvicourt. Du côté du Témiscamingue, on retrouve les eskers de Nédélec, de Moffet et de Belleterre ainsi que les moraines de Roulier et de Laverlochère. Plusieurs eskers ou sections d’eskers n’ont pas encore été nommés et encore moins étudiés.
Source: http://www.sesat.ca/eau_esker.aspx
ESKERS en péril
Certains eskers sont en péril. Par le passé, certains ont été détruits, soit par ignorance du phénomène, soit par intérêts économiques. Ainsi le gravier d'eskers a été utilisé pour construire des routes comme la Trans-Taiga dans le nord du Québec et le Denali Highway en Alaska, la ressource étant économique et disponible sur place. Ces eskers sont aussi la convoitise de compagnies de boissons gazeuses, de bières et d'eaux naturelles; plusieurs y sont déjà. Une compagnie d'embouteillage d'eau naturelle affiche d'ailleurs fièrement son nom: ESKA. Cette surexploitation peut, à la longue, mettre la ressource en péril.
Les ESKERS, un milieu fragile
Les eskers constituent un milieu très fragile à la pollution de surface. Dans un premier temps, on ne connait pas leur degré de vulnérabilité à la pollution et dans un deuxième temps on ne sait comment réparer un éventuel accident environnemental. La prévention reste donc le seul moyen connu pour préserver ce milieu fragile en tenant à distance tout projet de développement qui pourrait compromettre ce fragile équilibre. Il y a présentement à Amos une mobilisation citoyenne pour contrer un projet de mine au lithium ($$$ batteries pour cellulaires et voitures électriques $$$) à proximité de l'esker qui aliment en eau la municipalité; le débat fait rage.
La tempête fait rage dans la région d’Amos depuis de longs mois. La question est presque existentielle : le projet de mine de lithium proposé par l’entreprise australienne Sayona Mining risque-t-il de mettre en péril le joyau de la région, l’esker Saint-Mathieu-Berry, qui offre, tant à la ville d’Amos qu’à la compagnie Eska, une eau d’une qualité exceptionnelle?
Source : ici Radio-Canada, un texte d’Emmanuelle Latraverse
Références :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1098367/lithium-mine-abitibi-mobilisation-eau-esker
https://fr.wikipedia.org/wiki/Esker
http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/esker/
http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/esker/
https://ici.radio-canada.ca/actualite/semaineverte/ColorSection/environnement/030105/Amos.shtml
https://www.commercemonde.com/023/rubriques/r17.html
https://en.wikipedia.org/wiki/Esker?oldid=88826421
https://en.wikipedia.org/wiki/Esker_Riada
http://www.sesat.ca/eau_esker.aspx
https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1974-v18-n44-cgq2618/021195ar.pdf
https://www.britannica.com/science/esker
https://www.researchgate.net/publication/293816005_Hydrochimie_de_l'esker_Saint_Mathieu_-_Lac_Berry
https://www.aventuresnouvellefrance.com/blog/lacs-rivieres-du-quebec/
Super intéressant comme article, je ne savais pas tout ça. Juste encore une fois tellement triste de voir à quel point les merveilles de la nature finissent pas être surexploitées par l'homme, alors qu'il y aurait d'autres moyens pour en profiter tout en les préservant...
Avec le nombre d'humains sur terre et l'activité humaine, ce n'est pas surprenant qu'il y ait des dommages collatéraux sur l'environnement. Quand on s'attaque aux 2 sources de vie sur terre, l'eau et l'air, là ça m'interpelle davantage.
Bien d'accord avec toi...