La treizième (2)

La vois-tu comme une nympho borderline? me demande Maude. Tu me voyais comme ça… avant. Tu te souviens darling? Tu étais au pub Phillips sur Rosemont. On venait de se voir. Tu m’avais laissée seule à une soirée ennuyante. Tu ne comprenais rien à ce que je voulais de toi. Un copain t’a demandé comment allait ta vie et tu lui as répondu, avec tout le mépris dont tu es capable, quelque chose qui ressemblait à je suis coincé entre une nympho borderline et une gamine qui baise mal.
Comment peux-tu savoir cela, tu n’y étais pas. Darling, tu te parles à toi-même. Tu es seul dans ta chambre. Assis dans le noir avec ce point orange qui va de ta bouche à ta table de nuit. Tu te racontes encore cette histoire parce que tu penses à ce que Marie t’as dit dans le parc alors qu’elle pleurait sous ses immenses lunettes fumées. C’est tout ce qu’elle est pour toi darling? Demande Maude. Une nympho borderline? Comme moi? Tu te souviens à quel point tu avais peur de moi. Je ne pouvais pas te rassurer alors tu me détestais. Tu as choisi la gamine par dépit et colère. Je ne pouvais pas te dire ce que tu voulais entendre, non pas parce que je ne le ressentais pas, mais parce ce que tu avais trop peur que je le ressente pour de vrai. Tu voulais une porte de sortie et je te l’ai donnée... darling. Ne vois-tu pas comment tu nous méprises. On te dégoûte parce que tu nous ne contrôle pas. Pour nous le sexe n’est pas une question d’intimité. C’est du cul, c’est ce qui est dehors, c’est de l’extérieur. Tu nous dis je t’aime et on se donne à un autre. On se fait baiser par le premier venu et darling...oh! pauvre darling, tu as mal. Ça te dérangeait de savoir que j’y donnais ma chatte. Tu savais que je le détestais et pourtant je voulais qu’il me mette fort. Et elle? est-elle comme moi? Est-ce qu’elle se met à crier et à jouir comme moi? Hurle-t-elle FUCK!FUCK!FUCK!
S.T.P arrête!
C’est quoi? Tu vas me frapper darling? Si je ne me la ferme pas, tu vas me battre? Mais non, tu n’es pas comme ça darling. Tu veux me baiser. Hein, c’est ça, mais oui, mais non! De toute façon, tu bandes seulement quand on pleure… comme avec Marie l’autre jour au parc. Pourquoi tu ne lui as pas demandé de se mettre à quatre pattes? C’est quoi tu as trop de respect pour elle, pour la prendre comme tu aimes toutes nous prendre… fort, fort, fort par derrière. Tu ne dis rien, ça doit être vrai. Va rejoindre tes femmes trop réelles ou imaginaires darling. Elles sont tout ce qui te reste, car tu les as nommées les autres et comme disait Lacan, la nommer, c’est tuer la chose.