Copie Conforme p.16

*Je me suis réveillé un matin hors de ma fiction, hors de moi-même, à la recherche de ce qu’était ma vie avant toi. En fait, il n’y avait rien, tu as été mon Big bang, mon point zéro, le trou noir d’où mon existence avait vraiment pris son envol. Tous les souvenirs d’un avant font partie d’un avenir lointain emprisonné dans une sensation de déjà-vu.*

Derrière son bureau, Joseph lisait une lettre qu’il n’avait jamais mise à la poste. Elle trainait depuis des années dans un tiroir. Elle n’était pas adressée à Cameron, mais une partie de la vérité que cherchait son employé dans les ruelles, en plus des femmes et des bouteilles de scotch, se trouvait entre les lignes de cette bête lettre d’amour. Mais cela, Joseph ne l’avait réalisé qu’il y a un peu plus d’un an… en trouvant Claude.

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Dès que Joseph respira l’air de ce pays, il sentit un profond malaise lui prendre la gorge. Il y avait quelque chose qui l’étouffait. Il était à peine midi quand son avion atterrit à l’aéroport d’Ibn Batouta. Il sentit remonter les cocktails qu’il s’était envoyé avant de prendre l’avion à Toronto. Joe avait quitté la tiédeur d’un été timide pour se retrouver dans un désert au bord de la Méditerranée.

Il pénétra dans l’aérogare où malgré les ventilateurs, l’air était toujours aussi étouffant. Le plancher résonnait sous ses pas. Il se présenta devant les douaniers avec ses bagages. Ils lui demandèrent en arabe son passeport. Il répondit en français. Les deux hommes à l’uniforme kaki, mal repassé et décoré de l’étoile verte, s’arrêtèrent un instant pour l’examiner. Ils fouillèrent ses effets personnels.
– Le motif de votre voyage ?
– Travail, je suis journaliste, je viens couvrir la conférence de l’OPEP.
– Bienvenue à Tanger, M. Mutter.